Approche étymologique des noms de famille européens, les plus courants à Oujda (Maroc), dans un contexte colonial (1907-1956)

Par : Maqri BADR *

Cette approche étymologique est porteuse de deux formations discursives, orientées par le cosmopolitisme colonial de la ville d’Oujda. L’une, concerne la naissance d’une nouvelle population, dans un contexte pur colonial, vu que cette ville a été occupée par le Général Lyautey, le 29 mars 1907. Cette nouvelle population, avec toute la diversité de ses composantes, est la nouvelle avant-garde novatrice socioculturelle d’Oujda. L’autre, est liée aux dimensions socioculturelles déduites, des structures étymologiques des noms de famille européens les plus courants à Oujda, entre 1907 et 1956.
1-Conceptions méthodologiques et descriptives
La structure profonde de cette approche étymologique, s’allie aux conceptions des identités onomastiques, et à l’étude de l’anthroponymie (noms de personnes), et de la toponymie (noms de lieux).
La proposition de cette approche étymologique des noms de famille européens les plus courants à Oujda, entre 1907 et 1956, n’est pas si simple ; car elle ne se borne pas au niveau primitif, c’est-à-dire le mot dont vient un autre mot, ou au niveau dérivé, c’est-à-dire le mot qui vient d’un primitif. N’oublions pas que l’un des axiomes en matière d’étymologie, c’est que les règles de l’invention, sont souvent indéterminables.
Sera-t-il primordial d’attirer l’attention, dans le cas des noms de famille européens les plus courants à Oujda, sur des noms formés du croisement, ou de l’altération de parlers, ou de patois européens originaires ?
Ce métissage n’est en fin de compte, qu’une suite logique, du brassage des fractions de la population européenne d’Oujda, pendant l’ère coloniale.

* Plan d’Oujda-1906 (ANOM, Aix-en-Provence)

* Plan d’Oujda-1906 (ANOM, Aix-en-Provence)

2- Repères démographiques historiques
Le bilan du recensement des composantes distinctives, de la structure démographique d’Oujda en 1910, était le suivant:
1.1 Les autochtones, se composent de six fractions :
-(Oulad Amrane) et (Acheqfane): 1391 habitants;
-(Ahl Wajda): 437 habitants;
-(Oulad el-Gadi): 957 habitants;
-(Ahl Jamel): 530 habitants;
-(Oulad Aîssa): 303 habitants;
-(Casbah): 281 habitants.
Le rythme de la croissance des autochtones, passa entre 1910 et 1952, de 5899 à 50200 habitants.
1.2 La population musulmane d’origine algérienne, porta souvent les noms de (Cherâga) (الشراقة), ou de (Mouhâjirîne) (المهاجرين).
Le rythme de la croissance de cette population musulmane, passa entre 1910 et 1952, de 1377 à 12986 habitants.
1.3 Les Israélites marocains, passèrent de 1190 habitants en 1910, à 3175 en 1952.1
1.4 Les Juifs d’Oujda d’origine algérienne, représentaient un cas particulier. Le décret Adolphe Crémieux, no 136, attribua d’office, en 1870, la citoyenneté française aux Juifs indigènes d’Algérie, ou Juifs du territoire. Cette communauté était considérée, comme un groupe favorisé, dont l’intégration dans la société française d’Oujda, se révéla précaire. Le protectorat faisait des juifs marocains, des étrangers protégés en terre d’Islam et des sujets de Sultan Alaouite, alors que le Dahir du 22 Mai 1918, affirmait que les juifs jouissaient des mêmes droits civils et politiques, que les musulmans. Serait-il important de signaler que dès 1908, les institutions juives marocaines, furent contrôlées par les autorités du protectorat français.2
1.5 La population européenne, ou assimilée :
Cette population représentait, entre 1926 et 1932, 97.7%, de toute la population d’Oujda. Le nombre passa de 363 Européens en 1910, à 14375 en 1952.
La population européenne comportait une grande majorité de français ; celle-ci comprenait en plus des français de souche ou d’origine, les juifs algériens et les étrangers naturalisés, particulièrement des espagnols, qui depuis 1945 par le système de la naturalisation automatique, voyaient leurs enfants nés en zone du protectorat français au Maroc, devenir français, pourvu que le père ou la mère soit né en Afrique du Nord.3
Si le nombre des espagnols en 1910, était presque égal à celui des français, les espagnoles ne formaient en 1952, plus que 9,4 % de la population européenne, car la population française avait de plus, une structure démographique espagnole, constituée des espagnols naturalisés et leur descendance.4
Un autre groupe important, mais bien moins nombreux que les espagnols, caractérisa la population d’Oujda. Il s’agit des italiens.
En 1925, les quelques 1697 familles européennes d’Oujda, se décomposaient ainsi:
 1171 familles françaises;
 499 familles espagnoles;
 24 familles italiennes;
 1 famille anglaise;
 2 familles d’origines diverses.
Entre 1931 et 1936, la population étrangère d’Oujda se répartissait ainsi selon la nationalité, mais sans prendre en compte les nationalités non déclarées:5
-Espagnols;
-Italiens;
-Belges;
-Suisses;
-Allemands;
-Russes;
-Polonais;
-Grecs;
-Portugais;
-Roumains;
-Britanniques;
-Hongrois;
-Tchécoslovaques;
-Autrichiens;
-Cubains;
-Vénézuéliens;
-Egyptiens;
-Lettons;
-Bulgares;
-Turcs;
-Yougoslaves;
-Brésiliens;
-Arméniens;
-Hollandais;
-Américains.
Entre 1909 et 1952; les européens d’Oujda, se décomposaient ainsi: 6
– 1909 / Français: 130; Espagnols : 90 ; Italiens : 16 ; Allemands : 1 ; Juifs et indigènes naturalisés Français : 44.
– 1912 / Français: 2420 ; Espagnols: 1103.
– 1917 / Français: 2500 ; Espagnols: 1500.
– 1921 / Français : 4552 ; Espagnols : 2131.
– 1926 / Français: 4908 ; Espagnols: 1272.
– 1931/ Français: 8657 ; Espagnols: 2006.
– 1936/ Français: 8756 ; Espagnols: 1694.
– 1947/ Français: 13600 ; Espagnols: ?
– 1952/ Français: 13224 ; Espagnols: 1254.
En outre, l’une des parties visibles du paysage démographique, entre 1926 et 1952, est l’augmentation des différents groupes ethniques. Cette augmentation, pourra être lue, à travers la moyenne annuelle:7
– (1926-1931) / Marocains Musulmans: 683 ; Musulmans Algériens: 173 ; Européens: 948 ; Juifs Marocains: 89.
– (1931-1936) / Marocains Musulmans: 802 ; Musulmans Algériens: 191 ; Européens: -72; Juifs Marocains: 29,6.
– (1936-1941) / Marocains Musulmans: 5563 ; Musulmans Algériens: 43 ; Européens: 636; Juifs Marocains: 270.
– (1941-1952) / Marocains Musulmans: 517,3 ; Musulmans Algériens: 817 ; Européens: 5; Juifs Marocains: -21,7.
Le pourcentage des différents groupes ethniques par rapport à la population totale, y compris les Français Musulmans d’Algérie, entre 1918 et 1952, est ainsi représenté, par Yvette Bensamoun Katan:8
– 1918 / Marocains Musulmans: 12000; Musulmans Algériens: ? ; Israélites Marocains: 2000, Européens: 4150.
– 1926 / Marocains Musulmans: 9751; Musulmans Algériens: 2471 ; Israélites Marocains: 1445, Européens: 6309.
– 1931 / Marocains Musulmans: 13164; Musulmans Algériens: 3338 ; Israélites Marocains: 1890, Européens: 11045.
– 1936 / Marocains Musulmans: 17208; Musulmans Algériens: 4594 ; Israélites Marocains: 2038, Européens: 10683.
– 1952 / Marocains Musulmans: 50200; Musulmans Algériens: 12986 ; Israélites Marocains: 3175, Européens: 14357.
Yvette Bensamoun Katan, en déduira une société « oujdie » fragmentée, à cause des divisions sociales et des mutations des groupes ethniques. Mais faudrait-il oublier la rupture, entre la sociabilité et le choc colonial, si on se rend compte de la capacité de ces groupes ethniques à évoluer en société et à pénétrer au sein des nouveaux réseaux sociaux, nés avec l’occupation française d’Oujda, en 1907?
Juste après l’occupation d’Alger en 1830, Oujda a été considéré comme un portail principal pour la pénétration commerciale, qui assura la prépondérance de l’influence française.9
Le Maréchal Thomas-Robert Bugeaud (1784-1849), occupa Oujda, au mois de juin 1844, c’est-à-dire deux mois avant la bataille d’Isly, le 14 août 1844.
Le Général Edmond-Charles de Martimprey (1808-1883), occupa Oujda une deuxième fois, le 10 novembre 1859, et la mission militaire française, y-fut installée en décembre 1877.10
L’opération de l’occupation officielle d’Oujda, fut confiée au Général Lyautey, le 29 Mars 1907. La colonne française s’est fixée au sud de la ville, près de la porte de Sidi-Aïssa (Bab el-Gharbi), sur le site de ce qui fut le Camp Jacques Roze.11
Oujda fut décrite dans les archives militaires françaises, de l’époque, comme une ville multidimensionnelle.
Trois pôles d’extension s’articulent autour de l’ancienne médina :
D’abord au sud, le quartier du Château d’Eau, autour des installations militaires du Camp Jacques Roze, où sont outre les annexes (gendarmerie, dépôts, subdivision), édifiées les habitations du personnel.
Au centre, apparaissent les premières constructions publiques : Banque du Maroc, PTT, Région Civile, Marché Couvert, établissements scolaires publics.
Enfin, au nord, se trace une esquisse de zone industrielle, le long de la route de l’Algérie.
Au début des années 20, un plan d’aménagement servira de base, au développement de la ville. Les trois zones distinctes, se sont soudées autour de l’ancienne médina. La superficie de la ville passe de 25 hectares en 1912, à 800 hectares en 1920, et la population augmente à un rythme qui situe Oujda, en seconde position, après Casablanca.12
C’est durant la période des années (1930-1945), que la ville connaîtra le plus spectaculaire développement économique et démographique des communautés constituantes.
De l’après-guerre jusqu’à l’indépendance en 1956, la ville s’est développée régulièrement, mais avec une importante transformation démographique.
Les quartiers européens d’Oujda, ne connaîtront pas une expansion comparable, à celle des quartiers musulmans, entre 1945 et 1955. La physionomie générale de la ville européenne ne variera guère. Alors que le nombre de musulmans décuple, celui des européens ne progresse que peu sensiblement.
L’accroissement se fait « intra muros », à l’exception du lotissement du (Méditerranée-Niger), au nord de la voie ferrée, sur la route du nord.13
3-Point de repère étymologique

A- Les juifs d’Oujda d’origine algérienne:
1.1. Corpus tiré du Recensement des Juifs Algériens, ou d’origine Algérienne à Oujda, présenté par le Capitaine Louis Mougin (1873-1955), Chef de la Section Frontière Française d’Oujda, au mois de février 1907 :
1-Famille Aziza:
-branche Mouchi ;
-branche Mimoun ;
-branche Freha ;
-branche Brahim.
2-Famille Makhlouf.
3-Famille Mordekhaï.
4-Famille Haroun.
5-Famille Yahia.
6-Famille Ben Harrousse:
-branche Yacoub ;
-branche Slimane ;
-branche Yahia ;
-branche Youssef ;
-branche Mouchi.
7-Famille Ben Dehane:
-branche Youssef ;
-branche Ichoua ;
-branche Yacoub ;
-branche Yahia ;
-branche Isaac ;
-branche Freha ;
-branche Mordekhaï ;
-branche Messaoud.
8-Famille Ben Draï:
-branche Ihouda ;
-branche Youssef ;
-branche Yacoub Isaac.
9-Famille Lévy:
-branche Yacoub;
-branche Youssef.
10-Famille Azoulay:
-branche Youssef ;
-branche Yahia ;
-branche Brahim ;
-branche Yahon ;
-branche Mouchi.
11-Famille Amsellem:
-branche Makhlouf ;
-branche Chloumou ;
-branche Yahia ;
-branche Youssef.
12-Famille Toboul:
-branche Haïm.
13-Famille Aharfi:
-branche Mouchy ;
-branche Daoud ;
-branche Chloumou.
14-Famille Ben Soussane:
-branche Isaac ;
-branche Yahon.
15-Famille Bouaziz:
-branche Messaoud ;
-branche Youssef ;
-branche Mordekhaï ;
-branche Brahim ;
-branche Mouchi ;
-branche Saadia.14
1.2. Corpus tiré du recensement des Juifs d’Oujda, présenté par le Capitaine Louis Voinot, in :(Oujda et l’Amalat, L.Fouque, Oran, 1912):
Les plus anciennes familles juives, se seraient fixées à Oujda, il y a six, ou huit siècles. Elles paraissent être en majorité, des judéo-amazighs, ou des amazighs judaïsés.15
Les traditions attribuent aux principales familles juives, les origines indiquées ci-après:
1-Famille Amoyal ;
2-Famille Aziza ;
3-Famille Azoulay ;
4-Famille Ben Ghozzi ;
5-Famille Ben Hammou ;
6-Famille Obadia ;
7-Famille Teboul.16
1.3. Corpus tiré d’une enquête effectuée, entre 2007 et 2017:
1-Famille Ayache ;
2-Famille Ben Atia;
3-Famille Ben Ichou ;
4- Famille Darmon;
5-Famille Medioni ;
6-Famille Touati ;
7-Famille Touboul (branche Makhlouf) ;
8-Famille Choukroun (branche Jacques).
1. 4. Signes étymologiques:
-Aziza : originaires des Béni-Snouss (l’Ouest Algérien).17
-Amoyal : originaires des Béni-Snouss.18
-Amsellem : originaires de Tansalmet, près d’Oran.19
-Ayache : une déformation de l’adjectif intensif arabe, (عياش), le très vivant. Ce patronyme est porté par les familles juives, originaires de la grande tribu marocaine, des (Aït-Ayyache).20
Parmi les figures emblématiques des Ayache d’Oujda, citons les deux grands historiens; Albert Ayache (1905-1994), et Germain Ayache (1915-1990).
-Azoulay : vocable amazigh, dérivé de, izil, bon ou de, azul, bleu. Ce patronyme est réputé chez des familles juives d’origine andalouse, qui trouvèrent refuge au Maroc après la prise de Grenade en 1492. La branche d’Oujda est originaire des Béni-Snouss.21
-Ben Harrousse : de l’arabe, (عروس); c’est-à-dire, jeune mariée.22
-Ben Atia : la racine arabe, (عطاء), désigne, un don. Mais le nom peut référer également, à une fraction de la tribu amazighe nomade ( زناتة) Zenata.23
-Ben Dahan : dérivé probablement de l’arabe ; (الدهان) (dahhân), c’est-à-dire, marchand d’huile.24
-Ben Draï : originaires de la vallée marocaine de Darâa (درعة) .25
-Ben Ghozzi : originaires de Nedroma et de Tlemcen. Le nom peut renvoyer à la tribu amazighe, Ghzaoua (غزاوة), au nord de la ville d’Ouezzan (nord du Maroc).26
-Ben Ichou : le nom pourra référer à (Josué), dans la Bible, ou à la tribu marocaine amazigh d’Aït-Ichou.27
-Ben Soussan : dérivé du vocable arabe, (سوسان), c’est-à-dire, le lys.28
-Bouaziz : (عزيز) signifie en arabe, ce qui est précieux.29
-Darmon : dérivé du nom de la tribu d’origine amazighe, Oulad Darmoune ou Oulad Jarmoun, en Lybie.30
-Haroun : dérivé d’Aaron, en hébreu, ou de (Kohen Gadol), c’est-à-dire, le grand prêtre.
-Lévy : dérivé de (Ha-lewi) en hébreu, c’est-à-dire, le lévite, qui signifie le chargé du service divin.31
-Makhlouf : c’est-à-dire, celui qui aura des descendants.
-Médiouni : ce patronyme fait référence à la tribu amazighe, Médiouna (مديونة).32
-Mordakhaï : ou Mardochée, l’une des figures de la Bible.
-Obadia : nom d’origine araméénne, signifiant, seviteur de Dieu. Les Obadia d’Oujda, sont originaires des Béni Snouss, dans l’ouest algérien.33
-Teboul : contraction de l’arabe (الطبول), c’est-à-dire, l’homme au tambour, désignant le joueur, le vendeur ou le fabricant du tambour. D’autres versions tentent de relier le nom à une origine hébraïque de, Tbol, ou purification par un bain rituel. Et parmi ses variantes : Abitbol, Botbol, Teboul et Touboul.34
-Touati : quelques familles juives à Oujda, étaient originaires des oasis de Touat. Ce territoire marocain a été annexé par la France au territoire algérien, pendant la période coloniale.35
-Yahia : j’avais étudié en détail, les signifiés hébraïques du patron de la ville d’Oujda (Maroc), Yahia Ben Dossa, dans mon livre, consacré à, Sidi Yahia d’Oujda, l’oasis et la légende.36

B- Les familles européennes de souche ou d’ascendance :
1.1 Enquête effectuée en 2007, sur des pierres sépulcrales du cimetière chrétien d’Oujda :
1) Famille Simon ;
2) Famille Theret ;
3) Famille Deschamps ;
4) Famille Klaus ;
5) Famille Poulard ;
6) Famille Labroux ;
7) Famille Ferrer ;
8) Famille Garcia ;
9) Famille Molia ;
10) Famille Navarro ;
11) Famille Montoya ;
12) Famille Grimaddi ;
13) Famille Ruiz ;
14) Famille Bonnot ;
15) Famille Coconnier ;
16) Famille Barchiera ;
17) Famille Combe ;
18) Famille Viciana ;
19) Famille Signoret ;
20) Famille Bamponi ;
21) Famille Ostertag ;
22) Famille Chapus ;
23) Famille Moreno ;
24) Famille Miso ;
25) Famille Berthelot ;
26) Famille Padilla ;
27) Famille Martinez ;
28) Famille Llorca ;
29) Famille Crecut ;
30) Famille Colombo ;
31) Famille Canovas ;
32) Famille Sasson ;
33) Famille Belmondo.
1.2 Paradigmes étymologiques :
-Simon : une famille d’origine suisse. Et en se référant aux évangiles synoptiques, (Simon de Cyrène), est un juif réquisitionné, pour porter la croix de Jésus. C’est aussi le nom originel de Saint-Pierre.
-Klause : d’origine tchèque.
-Lorca : de la communauté autonome de Murice, en Espagne.
-Canovas : une branche des Canovas Del Castillo, en Espagne. L’une des figures emblématiques des Canovas à Oujda, est Francine Canovas, alias Nathalie Delon, née à Oujda, le 1 août 1941.
-Colombo : d’origine sicilienne, connue également sous le nom, Profaci.
-Navarro : de la communauté autonome de Navare en Espagne, dont la capitale est Pampelune. Les Navarrais, fidèles au carlisme, se rallièrent à Franco, durant la guerre civile (1936-1939).
-Sasson : un patronyme dérivé de, Sousan, qui provient du mot arabe (سوسان), et hébraïque, Chochane, c’est-à-dire, l’iris.
– Belmondo, d’origine italienne.
– Colombo, d’origine sicilienne, connue également sous le nom, (Profaci) ;
– Martinez, d’origine espagnole, avec plus de 25 branches à Oujda ;
– Padilla, d’origine espagnole;
– Berthelot, d’origine germanique ;
– Moreno, d’origine castillane de more, sobriquet désignant un homme brun de peau comme un maure ;
– Chapus, surnom de charpentier ;
– Ostertag, d’origine alsacienne. Le doyen des Ostertag d’Oujda,est le grand colon, André Ostertag ;
-Signoret, un diminutif de Signor, variante du mot Seigneur, à rapprocher de l’italien Signore, très répandu dans le sud-est de la France ;
-Viciana, d’origine basque ;
-Combe, d’origine gauloise ;
-Bonnot, qui signifie en ancien français, un brave homme ;
-Ruiz, d’origine espagnole ;
-Deschamps, du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie, et de la province de Hainaut, en Belgique;
-Klaus, d’origine tchèque ;
-Poulard, de la région lyonnaise, et de la Bretagne ;
-Ferrer, d’origine roussillonnaise, languedocienne et basque ;
-Garcia, d’origine espagnole, équivalent de l’ancien basque Harcia, dérivé de, (Artz Ours) ;
-Molia, d’origine catalane ;
-Montoya, d’origine basque ;
-Grimaddi, d’origine corse et italienne. 37

Conclusion
La mise des données démographiques historiques qui composent un milieu social spécifique à celui d’Oujda, entre 1907 et 1956, dans le contexte d’une approche étymologique, afin d’en mettre en évidence les aspects communs des groupes ethniques qui forment le cadre humain européen, n’aboutit pas forcément à une lecture conforme aux normes de l’approche prosopographique.
Quatre hypothèses, sont à maintenir méthodologiquement :
1- la priorité de détermination des groupes ethniques, qui composent le groupe social européen.
2- l’extension de la souveraineté coloniale française, dans la déconstruction des groupes ethniques colonisés, comme c’est le cas des contradictions comportées dans le paysage socioculturel juif : (Juifs d’origine marocaine / Juifs d’origine algérienne).
3- les privilèges attribués aux Juifs d’Oujda d’origine algérienne, via le décret Adolphe Crémieux, no 136, qui attribua d’office, en 1870, la citoyenneté française aux Juifs indigènes d’Algérie, ou Juifs du territoire, démontrent nettement que la composition et la structure du groupe ethnique juif, ne sont pas les mêmes en tout point.
4- le cosmopolitisme colonial d’Oujda, dévoile également les ruptures et les continuités dans les modes de vie, des composantes de la société d’Oujda.

Notes

1-Yvette Katan, Oujda, Une Ville Frontière du Maroc (1907 -1956), Paris, L’Harmattan, 1990, pp.140-141.
-Yvette Katan, Bourgeois et notables algériens en terre marocaine, in : Cahiers de la Méditerranée, Université de Nice, Numéro 45, Décembre 1992, pp.145-146-147-147-148.
2-ibid., p.142.
3-ibid., p.143.
4-ibid., p.146.
5-ibid., p.148.
6-ibid., p.149.
7-ibid., p.150.
8-ibid., p.151.
9-ibid., p.152.
10-Louis Voinot, Oudjda et l’Amalat, Imprimerie Louis Fouque, Oran, 1912, p.17.
11-Les Enfants de l’Oriental, Oujda dans notre siècle (1900-1956), Saint- Germain-en-Laye, 1991, Vol.2, p.89.
12- ibid., p.96.
13- ibid., p.116.
14-Louis Mougin, Recensement des indigènes musulmans et juifs d’origine algérienne, Section Frontière, Oujda, Février 1907, pp. 6-7-8.
15-Louis Voinot, Oudjda et l’Amalat, p.21.
16- ibid.
17- ibid., p.52.
18- ibid.
19- Mouna Hachim, Dictionnaire des noms de famille du Maroc, Imprimerie Najah El-Jadida, Casablanca, 2006 ; 2ème édition, Le Fennec, Casablanca, 2012, p.51.
20-ibid., pp.46, 69.
21-Oudjda et l’Amalat, p.52 ; Dictionnaire des noms de famille du Maroc, pp. 41,75.
22- Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p.43.
23- ibid., p.105.
24- ibid., p.201.
25- ibid., p.214.
26-Oudjda et l’Amalat, p.52 ; Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p.112.
27- Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p.115.
28- ibid., p.129.
29- ibid., pp.148-149.
30- ibid., pp.204 -205.
31- ibid., p.339.
32- ibid., pp.229, 359.
. محمد فقيه، نافذة على القبائل المغربية، وراقة بلال، فاس، 2016، ص 228-229-230 –
33-Oudjda et l’Amalat, p.52 ; Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p.409.
34- Dictionnaire des noms de famille du Maroc, pp.105, 170.
35- ibid., pp.326, 506.
36-Badr Maqri, Sidi Yahia d’Oujda : l’oasis et la légende, Rabat-Net, Rabat, 2016, p.18.
37- www.geneanet.org , www.filae.com

* Maqri Badr
Professeur de l’enseignement supérieur
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université Mohammed I, Oujda (Maroc)